L’épidémie de Covid-19 de 2020 a touché de plein fouet Saint-Michel de Cuxa. Durant deux mois au printemps et encore en ce moment, l’abbaye est fermée aux visiteurs et le personnel d’accueil au chômage. L’association culturelle de Cuxa a dû annuler les Journées romanes de juillet et le Festival de Prades, en août, a dû réduire considérablement son programme et sa jauge. Quant au chantier du Projet pour Cuxa, il s’est à peu près interrompu, durant six mois, en raison des mesures sanitaires.
Bien que le confinement et les mesures restrictives soient toujours là, l’année n’est cependant pas perdue. La période d’arrêt du chantier a été mise à profit pour des mises au point techniques. Les travaux ayant repris dès maintenant, la pose des nouvelles structures intérieures de la Maison du Grand Sacristain est attendue pour janvier-février 2021.
A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, le 19 septembre, on a pu présenter au public la taille de trois chapiteaux destinés à substituer ceux provenant de la tribune-jubé incorporés à tort dans l’angle nord-est du cloître en 1972. Dès que le confinement sera levé, les visiteurs de l’abbaye pourront aussi bénéficier d’une présentation audio-visuelle, éclairant et commentant les fragments de la tribune-jubé de Cuxa placés dans le dépôt lapidaire et expliquant le réassemblage de celle-ci, grâce à la 3D.
Last but not least, les décisions intervenues durant l’été de la Direction régionale des Affaires culturelles et du Département des Pyrénées-Orientales ont permis de finaliser le financement de la deuxième tranche des travaux (517 000 €), auquel participe également l’International Music and Art Foundation (IMAF). Cette deuxième tranche, concernant la Galerie nord, doit démarrer l’an prochain. Il reste cependant trois autres tranches à financer, et non des moindres ! Aussi votre soutien au Fonds Saint-Michel de Cuxa reste plus que jamais nécessaire.
Merci à tous !
Olivier POISSON
Conservateur général du Patrimoine honoraire – Président du Fonds Saint-Michel de Cuxa
LA PREMIERE PHASE DES TRAVAUX S’ACHEVE
La première tranche des travaux du Projet pour Cuxa, initiée en 2019, s’achèvera début 2021. Son cout de 550 000€ représente le cinquième du budget total du projet. Consacrée exclusivement à la restauration du logis du Grand-Sacristain, elle a permis d’en consolider les maçonneries et de réduire d’ importantes fissures qui menaçaient la structure de l’édifice. Les fondations de l’ascenseur qui desservira les espaces muséographiques et l’ensemble du monument ont été coulées ainsi qu’un escalier d’ accès à la crypte, rouvrant ainsi un passage qui existait au XIe siècle. La dernière étape interviendra au cours du premier trimestre 2021 avec l’installation d’une structure métallique porteuse destinée à recevoir les planchers des deux étages du logis.
les “lieux” du Projet pour Cuxa
2021: LE COUP D’ENVOI DE LA SECONDE TRANCHE
La tranche 2 concerne la galerie nord de l’atrium. Ce passage édifié au XIe siècle par l’abbé Oliba, permettait d’atteindre la grande église à partir du sanctuaire de la Trinité et de l’entrée du monastère. Largement remaniée au cours des XVIIe et XVIIIe siècles et aujourd’hui ruinée, cette voie d’accès sera rendue à sa vocation d’origine après restauration des maçonneries, enlèvement des refends et reprise des charpentes et des toitures. Le cout de cette seconde tranche s’élève à 517 000€. Les travaux devraient durer deux ans.
LE COIN DES DONATEURS
– budget prévisionnel du projet : 2 600 000 €
– prévisions d’engagement des soutiens institutionnels (état, région, département) : 1 950 000 € (75%)
– grands mécènes (Fondation des monastères, IMAF…) et autofinancement : 350 000 € (13,5%)
– objectifs du financement participatif : 300 000 € (11,5%)
Le Fonds Saint-Michel de Cuxa tient à adresser un remerciement particulier aux nouveaux donateurs:
PREPARER L’ANASTYLOSE* DE LA FACADE DE LA TRIBUNE
PAR LA REALISATION DE REPLIQUES DE CHAPITEAUX
Un des objectifs les plus importants du “Projet pour Cuxa” est de reconstruire la façade de la tribune-jubé dont un assez grand nombre de fragments ont pu être rassemblés. Parmi ceux-ci, Il a été établi avec certitude que trois chapiteaux, remployés dans le cloître lors des restaurations des années 1970, appartenaient en fait à la façade de la tribune (à ces trois chapiteaux s’ajoutent un tailloir orné placé dans le cloître au même endroit). Ces chapiteaux seraient donc susceptibles de rejoindre l’anastylose de la façade présentée dans les nouveaux espaces le moment venu.
la colonnade de l’angle nord-est du cloitre contient 3 chapiteaux ayant appartenu à la façade de la tribune
chapiteau dit “des lions” et tailloir orné remployés à tort dans le cloitre
En accord avec la Conservation régionale des Monuments historiques, ces chapiteaux seront substitués par des chapiteaux neufs, taillés en s’inspirant de chapiteaux non décorés provenant du cloitre et conservés au musée des “Cloisters” (MET – New York) .
La taille de ces chapiteaux a été réalisée par l’entreprise Py dans le marbre local utilisé pour le cloître. Un atelier de sculpture organisé à Cuxa pendant les journées du Patrimoine 2020 a donné l’occasion à Frédéric Veyrat, Gabriel Isidoro et Grégory Vallos, tailleurs de pierre, de démontrer leur savoir faire, directement hérité des sculpteurs du moyen-âge, en achevant face au public la taille de l’un de ces chapiteaux.
Leur substitution aura lieu dès que les conditions sanitaires le permettront.
UN PEU D’HISTOIRE
LA SCULPTURE ROMANE EN ROUSSILLON
La sculpture romane roussillonnaise apparait au tournant de l’an mille. Le linteau de Saint-Genis-des Fontaines « plus ancienne représentation datée de la figure humaine dans la sculpture médiévale française » et les bordures de fenêtre de Saint-André-de-Sorède ou de Sainte-Marie d’Arles-sur-Tech en sont les principaux témoins. Ces œuvres délicatement fouillées, en marbre, peut-être inspirées par des miniatures ou des coffrets d’ivoire, n’ont rien de monumental et, plutôt confidentielles, ne sont utilisées qu’en décor de façade. Etaient-elles produites localement ou importées? On l’ignore.
* reconstruction d’un monument en ruines grâce à l’étude méthodique de l’ajustement des différents éléments qui composent son architecture
Pendant la seconde moitié du XIe siècle, au moment où apparaît la grande sculpture historiée à Saint-Sernin de Toulouse ou à Moissac, les centres créateurs se sont déplacés plus au nord et le Roussillon demeure étrangement silencieux. Pourtant vers 1140, la sculpture romane va connaître un nouvel essor qui la conduira à occuper le premier rang dans l’activité artistique du Roussillon. Le comte de Cerdagne vient de créer Villefranche-de-Conflent. On y découvre une veine de marbre rose, matériau noble, répondant parfaitement à ses ambitions artistiques et monumentales. Des artistes professionnels se rassemblent et produisent, avec le portail de l’église Saint-Jacques, ce que l’on pourra considérer comme le prototype du décor sculpté, magnifié dans les décennies suivantes par cette originale « école » de sculpture roussillonnaise du XIIe siècle.
Elle produira, bien sûr, le cloître de Cuxa et ses 60 chapiteaux non historiés, puis ceux de Serrabona, Saint-André (disparu), Elne, Espira de l’Agly et, plus tard, Saint-Genis-des Fontaines. Plus original encore, est le soin accordé à la décoration des tribunes, à Cuxa et, bien sur, à Serrabona.
L’influence antique est prépondérante dans les créations. Le modèle corinthien est largement utilisé pour la décoration des chapiteaux, associé à tout un bestiaire plus ou moins fantastique ou monstrueux, lui aussi d’origine antique.
De la foule anonyme de ces créateurs émergent quelques fortes individualités, comme le Maître de Serrabona. La plus personnelle et la plus énigmatique est certainement celle du Maître de Cabestany qui apporta en Roussillon le goût pour les grandes compositions historiées dans le dernier quart du XIIe siècle. C’est à cette période que ces représentations figurées ou narratives prennent une importance prépondérante. On en trouve de très beaux exemples dans le cloitre d’Elne ou au portail de Saint-Jean-le-Vieux à Perpignan.
Malheureusement, la décadence est proche. La sculpture romane prolongera son existence en Roussillon pendant une bonne partie du XIIIe siècle mais sans plus jamais atteindre les réussites artistiques de la période antérieure.
d’après M. Durliat – “Le Roussillon et la sculpture romane” – Cahiers de Saint-Michel-de-Cuxa IV 1973 O. Poisson – “Saint-Michel-de-Cuxa et les débuts de la sculpture romane en Roussillon au XIIe siècle” conférence – Centre de sculpture romane – Cabestany – février 2018
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